La communication sur la généralisation de l’AMO et les modalités pour en bénéficier est un élément à prendre en considération. C’est ce qu’estime Jaâfar Heikel, spécialiste en maladies infectieuses et économiste de la santé, qui appelle à plus de transparence à ce niveau.
À propos de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), Pr Heikel insiste sur l’importance de la transparence vis-à-vis des citoyens, notamment en affichant les tarifs et la liste des médecins. «Contrairement aux ex-ramedistes, un citoyen qui dispose de l’AMO a le droit d’accéder aux soins que ce soit dans le public ou dans le privé», explique-t-il. Et de préciser que dans le privé, le citoyen est obligé de payer et d’attendre le remboursement, sauf en cas d’accords ou de conventions particulières. Le spécialiste tient, toutefois, à noter que le remboursement se fait sur la base de la tarification nationale de référence actuelle qui, d’une part, n’est pas appliquée sur le terrain et, d’autre part, n’a pas évolué depuis 2006, sachant que la loi 65.00, portant Code de la couverture médiale de base avait prévu un changement et une adaptation tous les trois ans. «Le ministère de la Santé et de la protection sociale est en négociation avec les syndicats. Pour l’heure, nous n’avons toujours pas une idée sur la nouvelle nomenclature et les nouveaux tarifs de base», note-t-il. Le spécialiste appelle ainsi à plus de communication et de transparence pour réussir ce chantier dans lequel «nous n’avons pas le droit à l’échec».
Interrogé sur les cotisations que les citoyens doivent apporter pour pouvoir bénéficier de l’accès et du remboursement dans le système de l’AMO, Pr Heikel rappelle que l’État a prévu une enveloppe annuelle de 51 milliards de dirhams pour la protection sociale dont 14 milliards de dirhams qui concernent la généralisation de l’AMO et une bonne partie de cet argent va servir pour les cotisations. «Si les collectivités locales ne sont pas impliquées et si nous ne réduisons pas la part des dépenses de santé dans les dépenses directes des ménages, on ne pourra pas réaliser les équilibres», explique-t-il. Pour pallier cette situation, l’expert estime que le citoyen ne doit pas dépasser 25% au maximum des dépenses de santé et que les 75% viennent de la contribution de l’État, des collectivités locales et des cotisations : l’État doit contribuer à 50% au minimum, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les 25% restant doivent arriver des collectivités territoriales et d’autres modèles financement.
Pr Heikel estime que le Registre social unifié servira pour identifier les personnes vulnérables qui seront incapables de cotiser à l’AMO. «Le fonds créé par l’État permettra justement de prendre en charge les personnes qui ne peuvent pas réellement cotiser et qui, de par la Constitution, ont le droit de bénéficier des soins de santé», expliquet-il. Et d’ajouter que toute personne ayant un revenu, que ce soit dans le salariat ou dans le secteur libéral, doit cotiser pour bénéficier des prestations de l’AMO. Pour Pr Heikel, les établissements de soins, qu’ils soient publics ou privés, doivent travailler pour offrir les soins nécessaires aux citoyens. L’expert souligne, par ailleurs, que l’éducation et la prévention serviront d’armes puissantes pour améliorer le système de santé au Maroc.
Source: Le Matin