Jeûne et diabète: Pas d'impasse sur l’évaluation des risques !

Jeûner lorsque l’on est diabétique est une décision qui doit être prise après avis du médecin. Une consultation est plus que nécessaire pour éviter les risques de complications comme l’hyperglycémie et l’acidocétose.

Le Ramadan approche à grands pas. Au-delà du volet religieux, le jeûne aurait des bienfaits sur la santé humaine puisqu’il permet à l’organisme de se purifier. Ce constat a, certes, été prouvé par des études scientifiques, mais il faut le prendre avec des épincettes. Effectivement, certaines personnes, particulièrement les diabétiques, risquent de mettre leur vie en danger si elles jeûnent. Contacté par «Le Matin», Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, le confirme : «Le jeûne du Ramadan implique un changement des habitudes alimentaires et des troubles de sommeil, ce qui risque de mettre en danger la santé, voire la vie des personnes diabétiques». Interrogé sur les principaux risques encourus par les diabétiques, le médecin cite, entre autres, l’hypoglycémie, l’hyperglycémie, l’acidocétose, la déshydratation du corps et les thromboses. La gravité de ces risques, ajoute-t-il, dépend de plusieurs facteurs comme l’âge, le type de diabète et le mode de vie.

Trois catégories de risque pour les diabétiques 

Dr Hamdi insiste sur l’importance de consulter le médecin traitant avant de prendre la décision de jeûner. Ceci permettrait, précise-t-il, d'évaluer le niveau du risque avant d'entreprendre le jeûne. Le médecin indique ainsi qu’il existe trois catégories de patients :

  • Les patients à haut risque : Il s’agit des personnes ayant des antécédents d’hypoglycémie sévère, une acidocétose, un coma hyperosmolaire ou encore des hypoglycémies itératives. Ces antécédents doivent avoir lieu dans les trois derniers mois précédant le Ramadan. Ceci concerne aussi les diabétiques de type1 dont le diabète n’est pas contrôlé et ceux ayant des complications macro-vasculaires évoluées ou une insuffisance rénale au stade avancé. Cette catégorie est interdite de jeûner.

  • Les patients à risque modéré : Il s’agit des personnes ayant le diabète de type 2 et qui ne contrôlent pas le diabète ou celles qui ont le diabète de type 1 et qui sont sous multi-injections d’insuline. D’autres personnes sont aussi dans cette catégorie. Il s’agit notamment de celles souffrant d’insuffisance rénale chronique au stade moyen, celles ayant des complications macro-vasculaires et des comorbidités significatives et les femmes enceintes sous régime. Ces patients ne devraient jeûner qu’après évaluation médicale et ajustements nécessaires des médicaments.
  • Les patients à risque faible : Cette catégorie regroupe les diabétiques de type 2 dont la maladie est contrôlée avec des antidiabétiques oraux, GLP-1 et/ou insuline basale. Elles peuvent jeûner après avoir consulté un professionnel de santé un à deux mois avant le début du Ramadan. Elles doivent ajuster leur traitement et renforcer leur suivi, notamment de l’autosurveillance glycémique.

À noter que le ministère de la Santé et de la protection sociale a adressé une circulaire aux directeurs régionaux. Il appelle les professionnels de la santé à renforcer les activités relatives à la prise en charge des diabétiques pendant ce mois sacré au niveau de toutes les structures sanitaires.

Des recommandations pour concilier jeûne et diabète

Le médecin chercheur a partagé quelques «recettes» pour concilier jeûne et diabète. Il s’agit, entre autres, de :

  • Faire participer la famille et/ou une personne-ressource.
  • Adapter le traitement médicamenteux.
  • Bien s’hydrater en dehors des heures de jeûne.
  • Procéder à un contrôle régulier des glycémies capillaires.
  • Favoriser l’exercice physique en évitant les excès.

 

Source: Le Matin 



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