La prise en charge des séniors toujours inadaptée
La gériatrie, cette spécialité médicale multidisciplinaire qui favorise le bien-être des personnes âgées, a encore du mal à se faire une place au Maroc alors que sa population vieillit. Moins de deux cents médecins sont formés chaque année dans cette spécialité.
Alors que les personnes âgées de plus de 60 ans représentent près de 12% de la population marocaine et que l’espérance de vie continue d’augmenter (plus de 76 ans actuellement), la discipline de la gériatrie reste le parent pauvre de la médecine au Maroc. C’est ce qu’ont affirmé les participants au webinaire organisé, vendredi dernier, par la Société marocaine de médecine générale (SMMG) en partenariat avec l’association A2G Europe Maroc (Alliance euro-marocaine de gériatrie et gérontologie) sur le thème «Pratiques adaptées en gériatrie : le rôle du médecin de première ligne».
Lors de cette rencontre virtuelle, les médecins ont rappelé que les personnes âgées souffrent généralement de différentes pathologies chroniques, notamment les maladies cardio-vasculaires, les affections respiratoires, le diabète, les maladies neurologiques, les rhumatismes, Alzheimer... Grâce à la gériatrie, et son caractère multidisciplinaire, cette population peut bénéficier d’une prise en charge adéquate et améliorer ainsi son bien-être. Mais cette spécialité est encore très peu connue dans le pays. «La science évolue et l’espérance de vie aussi. Mais plus on avance dans l’âge, plus les organes s’usent et les systèmes qu’ils constituent aussi. Et même si l’usure des organes ne se produit pas en même temps pour chacun d’entre eux, l’usure des uns peut accélérer celle des autres.
Et si on ajoute à cela le côté psychologique, marqué par la solitude qui s’installe quand les enfants ont grandi et qu’ils s’en vont, le fait de supporter la position horizontale tout au long de la journée et les souvenirs qui commencent à s’effacer, on comprend que la situation d’une personne âgée qui n’est pas prise en charge correctement est très difficile», a souligné Dr Benabbou Abdelhadi, président de la SMMG. «Il ne faut pas oublier non plus qu’en plus du coût affectif, psychologique et social engendré par la maladie, il y a le coût financier. Les personnes âgées sont, en effet, de grandes consommatrices de soins et de personnels médical et paramédical. Elles sont aussi économiquement non productives, ce qui constitue un gouffre pour les organismes d'assurance-maladie. De ce fait, la gériatrie devrait être la priorité des priorités pour tous les décideurs», a-t-il estimé.
Source : lematin