Le recours aux antidiabétiques pour maigrir inquiète les médecins

Destiné aux diabétiques de type 2, l’Ozempic est depuis quelques mois vanté pour ses vertus contre l’obésité. Les influenceurs du monde le présentent comme le traitement «miracle» pour perdre «rapidement et efficacement» du poids.

Ce médicament n’est pas vendu au Maroc, mais les Marocaines ne s’en privent pas. Certaines tentent de l’acquérir «coûte que coûte», alors que d’autres préfèrent recourir à un antidiabétique similaire disponible au Maroc sous le nom de Victoza. La pratique, de l’avis des experts contactés par «Le Matin», n’est pas sans danger. Explications.

L’Ozempic, un médicament injectable pour traiter le diabète de type 2, suscite beaucoup d’engouement sur les réseaux sociaux. Les internautes sont attirés non pas par son efficacité dans le contrôle de la glycémie et du diabète, mais par sa supposée capacité à entraîner une importante perte de poids en peu de temps. Sur TikTok, les vidéos associées au hashtag #Ozempic accumulent des millions de visionnements dans le monde.

Ce médicament n’est pas commercialisé chez nous, mais les Marocaines ne s’en privent pas ! Une endocrinologue, qui a requis l’anonymat, a accepté de nous en parler. «Les femmes marocaines ne ménagent aucun effort pour se procurer ce médicament coûte que coûte», affirme-t-elle. Pour l’heure, seules les gens aisés peuvent acquérir l’Ozempic, puisqu’il est cher, souligne la spécialiste. Elle tient à préciser, en revanche, que des femmes marocaines préfèrent recourir à un antidiabétique similaire à l’Ozempic. Ce médicament est disponible au Maroc sous le nom de Victoza. Mais la pratique n’est pas sans danger!

Gare aux effets indésirables!

Joint par «Le Matin», Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, estime que l’utilisation de l’Ozempic ou tout autre antidiabétique pour maigrir constitue un détournement de son indication, car le produit n’a pas été fabriqué à cette fin. «L’Ozempic ou encore le Victoza sont prescrits pour les diabétiques de type 2 et la perte de poids n’est qu’un effet secondaire du traitement», explique le médecin. Et de prévenir que l’utilisation de ces médicaments pour maigrir menace sérieusement l’approvisionnement de ceux qui en ont réellement besoin: les diabétiques.

Effectivement, des tensions ont été enregistrées dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, en Australie et en France. Au Maroc, soutient-il, la situation n’est pas aussi alarmante, mais il faut s’attendre à des changements dans les semaines, voire les mois à venir, d'autant plus que les influenceurs semblent être mobilisés pour la promotion de ces produits, sans pour autant parler des effets indésirables qui peuvent être très dangereux. Interrogé sur ce point, le médecin reconnaît qu’on ne peut pas identifier avec exactitude les effets indésirables à long terme de l’utilisation de ce type de médicaments contre le surpoids. «Les recherches et les essais cliniques n’ont pas été menés pour cette catégorie et donc si la balance bénéfice-risque est favorable chez les diabétiques pour ces médicaments, rien ne le prouve encore pour l’indication de la perte de poids», explique le médecin.

 

Source: Le Matin



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